Denis Brihat
16 septembre 1928 – 3 décembre 2024
Denis Brihat nous a quittés et nous sommes profondément tristes tant son compagnonnage fut précieux dans l’histoire du Bec en l’air. Denis avait 96 ans, son existence discrète et ses choix de vie demeureront à nos yeux les voies qu’il faudrait suivre pour vivre plus et mieux, et plus longtemps.
Sur le conseil de son ami Robert Doisneau, il avait quitté Paris en 1958 – alors qu’il venait de recevoir un prix Niépce augurant du meilleur – pour s’installer en Provence, à Bonnieux, dans une petite maison en pierre sur un plateau battu par les vents d’hiver, où il tirait péniblement l’eau du puits qui servait à ses tirages. De ce choix radical, naîtra une des œuvres photographiques les plus passionnantes du 20e siècle, portée par l’intuition que la photographie rejoindrait bientôt les murs. Denis Brihat aimait son jardin, ses fleurs et ses arbres, ses légumes et ses fruits dont il s’appliquait à recréer les couleurs telles qu’il les voyait en réhabilitant et en perfectionnant des procédés anciens, mais aussi en inventant des recettes aux formules complexes, qui mêlaient l’or et le cuivre, travaillant parfois des semaines sur un tirage qu’il nommait « tableau photographique ». Avec Jean-Pierre Sudre et quelques autres, il avait été l’un des premiers à réfléchir à la transmission de son savoir en organisant des stages et était à l’origine de rencontres qui deviendront les Rencontres d’Arles.
De tout ceci, il ne faisait pas étalage, préférant les herbes folles de son jardin, les fugues de Bach et la compagnie de celles et ceux qui savaient que là-bas, sur une colline du Luberon, vivait un être rare dont les yeux malicieux savaient voir les « bordilles », comme il les nommait, ces petites choses en apparence anodines qui font et défont les vies.
Il va terriblement nous manquer, mais nous sommes heureux et fiers d’avoir croisé sa route, en publiant quatre de ses livres auxquels il a apporté chaque fois son regard tout à la fois exigeant et généreux. Nous le remercions pour cet enseignement plein d’une humilité joyeuse.
Nous adressons nos pensées les plus chaleureuses à Solange, sa femme, compagne de tous les instants et brillante connaisseuse de son œuvre, ainsi qu’à ses enfants et à ses petits-enfants.
Fabienne Pavia, Dominique Herbert, Frédéric Lecloux et Céline Queric