Le moment est venu de produire des documents et des archives, d’enregistrer ce qui s’est passé. Ensuite, il faudra faire ses adieux au passé et à la jeunesse. Disons adieu aux peines et aux fantômes. Cherchons, de l’intérieur, une révolution, une trajectoire nouvelle. Le pire danger serait de s’abandonner à la nostalgie, de rester collé à des principes et à de vieilles idées, de s’imaginer qu’il existe un âge d’or, un moment de pureté dans le passé et qu’on peut le retrouver. Le pire de tout, ce serait de sacraliser une image donnée. Car n’importe lequel de tes choix, s’il te conduit à idolâtrer quoi que ce soit, même si c’est la révolution, les martyrs ou les valeurs supérieures de l’idéologie, peut te transformer en zombie sans que tu ne t’en rendes compte.
– Ahmed Naji, Génération Tahrir, 2016, avec les photographies de Pauline Beugnies.
En relisant en patientant, une chronique de confinement par Le Bec en l’air