Couverture du livre Algérie, clos comme on ferme un livre, de Bruno Boudjelal

On ne sait par quel subtil décalage, mais le voyage de France vers l’Algérie est un voyage impossible. La perspective est faussée. Le regard sera toujours opaque. Il faut changer radicalement d’échelle, ne plus poser de questions à la photographie, mais simplement scruter ce qui surgit au gré du rythme des transports. Au lieu d’une clameur méditerranéenne, on ne peut trouver que le silence et la lumière. Dans la capture de ce mutisme se révèle une analyse des plus perspicaces du Maghreb contemporain. Tous les protagonistes du drame sont
affectés du même virus : l’ennui. À chaque étape de ce voyage, les mêmes événements se reproduisent, n’en faisant plus qu’un. Le présent s’impose dans son immobilité avec un caractère inéluctable que rien ne disloque. Il se déroule de lui-même par nécessité interne. C’est le cours « naturel » des choses qui l’emporte sur l’envie de changement. Un monde s’achève mais ne se clôt pas.

– François Cheval, Algérie, clos comme on ferme un livre ?, 2015, avec les photographies de Bruno Boudjelal. Ce livre a reçu le Prix Nadar en 2015.

En relisant en patientant, saison 2, une chronique de reconfinement par Le Bec en l’air