Nous vous offrons la possibilité de participer à la parution
du prochain livre de Clément Chapillon & Yannick Jaffré
Trois gouttes de sang comme une fleur
Un récit à deux voix – celles d’un photographe et d’un anthropologue – mêlant le réalisme du regard à une appréhension poétique du monde lié au don du sang. Une narration entremêlée pour reconnaître l’importance de ces « vies minuscules » sans qui nul ne serait ni soigné ni sauvé.
Ce livre est essentiel pour prendre conscience d’un sujet qui peut tous nous concerner.
Vous pouvez contribuer à son existence en le préachetant directement sur notre site avant le 15 juillet 2024 : le montant de votre achat sera directement affecté à l’impression du livre.
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Présentation
Le sang ne se synthétise pas, ou pas encore . Concrètement, chaque année, 119 millions de poches de sang sont collectées dans le monde, permettant de soigner et de sauver des milliers de personnes souffrant de multiples maladies, de cancers ou victimes d’hémorragie.
L’acte de donner son sang gratuitement et anonymement reconstruit des existences et, autant que résistent les coquelicots à l’emprise du béton, des vies trop fragiles sont maintenues par ces justes, éloignés des suffisances narcissiques tout autant que de l’évaluation marchande de leurs gestes.
Rendre compte de cette éthique délicate et discrète des pratiques ordinaires liant le don, le soin et la gratitude, par un dialogue associant des textes et des photos, nous a semblé essentiel.
Trois gouttes de sang comme une fleur est donc un récit à deux voix – celles d’un photographe et d’un anthropologue – mêlant le réalisme du regard à une appréhension poétique du monde. Une narration entremêlée pour reconnaître l’importance de ces « vies minuscules » sans qui nul ne serait ni soigné ni sauvé.
Par une écriture photographique sensible à l’imaginaire Clément Chapillon a tendu un « fil rouge » reliant les différents acteurs du don, notamment par un dispositif d’autoportraits. Chaque personne photographiée a elle-même « pressé » le déclencheur incarnant ainsi son engagement et par ce geste partageant la solidarité d’une générosité anonyme.
À partir d’entretiens réalisés avec des donneurs, des receveurs et des professionnels de santé, en questionnant sa propre expérience des soins, Yannick Jaffré a questionné les mots du don et ce que la vulnérabilité peut ajouter à l’humain.
Plus que jamais, à l’heure où la société s’interroge sur les valeurs qu’elle a en partage, il est primordial d’évoquer l’autre comme imprescriptible responsabilité et de dire la joie nécessaire du simple remerciement.
Extraits des textes de Yannick Jaffré
Être accueilli
Ceux qui poussent la porte sont accueillis comme des connaissances parfois comme des amis. Ils sont souvent nommés par leur prénom ou un surnom. Nul n’est confondu.
Cet espace sanitaire est paradoxal, comme une sorte de club de rencontre ou nul n’est obligé de venir. Certains, donneurs réguliers sont taquinés, plaisamment accusés de ne venir que pour une rencontre sentimentale avec une ou un infirmier, d’autres sont interrogés sur leurs conjoints ou leurs enfants… En fait, outre le questionnaire médical largement vécu par les patients comme une sorte de ritournelle administrative, très peu d’échanges portent sur les aspects médicaux et techniques du don. « Souvent, les gens ne savent même pas ce qu’est le sang et le plasma » nous disent les professionnels de santé.
Si l’on vient c’est pour donner du sang bien sûr, mais c’est aussi parce que le seuil à peine franchi, se découvre un autre espace social fait d’hospitalité, d’interconnaissance, de générosité, de gratitude et de reconnaissance. Une communauté d’expériences, de choix et d’émotions. Une sorte de clairière dans l’indifférence des sociétés et l’évaluation marchande des existences.
Les chambres, les fenêtres et le temps
Par la fenêtre on voit des bâtisses avec leurs balustrades et leurs blasons d’un autre siècle, quelques traverses, des bosquets, des bancs, de gros tuyaux argentés et dans le lointain, des montagnes sèches dans lesquelles sont plantés des immeubles modernes avec leurs excroissances de balcons.
Juste en bas, selon les heures, passent quelques passants, des vélos ou des voitures. Souvent les mêmes aux mêmes heures. Un arbre bouge, un oiseau hésite à s’envoler, des soignants sortent dans le jardin pour fumer ou déjeuner sur un banc. Le soir quelques fenêtres s’allument.
La vie est là, mais cette fenêtre ne s’ouvre pas. Le paysage n’est pas l’anticipation d’un parcours, il n’est que le rappel d’une séparation. Être malade c’est ne pouvoir être parmi.
De l’autre côté de la chambre, il y a un sas par lequel, jour et nuit, entrent et sortent tous les personnels de santé. Sorte de no man’s land hésitant entre frontière microbienne, arrière scène ou coulisses, chacun s’y prépare avant d’entrer. On y enfile une charlotte et un masque, mais on se dispose aussi à parler et à prendre soin d’une personne spécifique. Alors, on met en stand-by les rires et les conversations du couloir, on laisse venir le nom du patient et celui de ses proches, on se remémore son histoire ou ses discussions favorites. Banalement et simplement on se prépare à une rencontre. Et c’est ainsi que plus qu’ouvrir une porte on franchit avec respect le seuil d’une chambre particulière.
Le monde est une longue conversation. Chaque matin «bonjour» et chaque soir, «bonsoir». À la fin de chaque garde on annonce son départ et on précise la date de son retour. Presque rien. Mais pour ceux qui regardent par la fenêtre close, ces mots qui s’attardent, reprisent l’absence et le temps. Ils sont une présence, comme au soir la douceur d’un bras qui se pose sur une épaule.
Simplement être là
Le plus souvent, on vient ici avec des phrases sans sommeil et des espoirs usés jusqu’à la corde. Un couloir et quelques pas suffisent. Les bruits s’estompent. On s’assied sur un banc très simple et, loin du monde médical, on écoute autant que l’on formule tous ces mots sans savoir – «s’il vous plait», «pitié», «pourvu que» – qui creusent le langage vers une présence que l’on ne sait nommer.
Cette tristesse est pourtant un privilège des vivants. Celui qui va mourir s’est déjà absenté. Son corps n’est déjà plus qui froissa les lumières et aima sans raison. Il sait que son avenir n’est plus que dans le souvenir de ceux qui se souviendront de lui.
Mais cet inexprimable détachement est encore une présence. C’est pourquoi, il faut alors trouver la force de pousser la porte et de se tenir avec très peu de mots dans la dernière beauté du dénuement.
Il fallait bien revenir
Il fallait bien revenir pour se montrer autrement qu’affaibli et dire le bonheur d’exister à ceux qui me soignèrent. Évoquer tous ces arcs-boutants, leurs savoirs aux aguets, leurs compétences et l’inquiétude maîtrisée qui guide leurs gestes. Dire, un peu, ceux à qui nous devons.
Ces retrouvailles ou, plus en amont, l’approche des socles techniques – prélèvement, qualification, acheminement du sang, transfusion – qui permettent les soins, finirent par constituer un étrange terrain fait d’une involontaire observation participante, d’émotions, de connivences et de mots échangés.
Comme dans les contes où tout n’est finalement que rencontres ; de visages en dialogues notre sac s’est empli de récits, de regards, de propos effilochés et de quelques mots en vrac, mélangés et énigmatiques comme des fragments de poteries brisées. Des histoires en vrai pourtant, qui disent au plus proche, l’expérience de la fragilité et les modestes combats, chaque jour recommencés, pour vouloir encore et ne jamais accepter.
Venir, tendre son bras, prendre soin, parler même sans espoir de réponse, être là chaque jour ne sont pas que des gestes. Des uns aux autres, ce sont des engagements.
Alors il faut dire la générosité. Ce souci de l’autre présent, bien sûr, dans le geste de donner mais aussi dans bien d’autres conduites de soin comme le dévouement, le temps accordé au travail, venir bavarder dans une chambre, « remonter » le moral de ceux qui « flanchent » … Ce décentrement de soi et cette sollicitude des petits actes sont précieux comme coquelicots et herbes folles entre les pavés des intéressements pécuniaires et la suffisance narcissique des selfies.
La solidarité vient du même pas. Certes, nos corps nous séparent et rien ne peut s’opposer à une solitude existentielle liée à notre unicité biologique. Mais l’autre peut prolonger des vies et les accompagner aussi loin que possible et, par la chance offerte des transfusions ou de greffes de cellules souches, cette fraternité en acte repousse l’isolement. Toujours elle fut l’obstination de quelques justes pour tenir que le dernier mot reviendra à l’humain.
Reste la gratitude, que l’on ne sait comment évoquer. Peut-être simplement en essayant d’écrire et de figurer ce que dit un visage ? Après tout qu’est-ce qu’un livre si ce n’est une façon d’accueillir et de s’attarder parmi les siens.
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Les auteurs : Clément Chapillon & Yannick Jaffré
Clément Chapillon est un photographe basé dans le sud de la France (Bouches-du-Rhône) qui explore les mondes méditerranéens à travers une écriture personnelle empruntée au « réalisme poétique ». Ses narrations, à la frontière entre le réel et l’imaginaire, puisent dans des témoignages actuels ou anciens pour documenter l’espace géographique et mental des lieux. ll a publié 3 livres avec des éditeurs comme Keher Verlag et Dunes édition (Les rochers fauves / Promise Me a Land). Il collabore régulièrement avec des médias tels que le New York Times, M Le Monde, Le Temps, L’Obs, Libération, Polka, Arte etc. Il a exposé dans une dizaine de lieux internationaux (Institut français d’Athènes, galerie Polka à Paris, Hangar photo à Bruxelles, Willy Brandt Center à Jerusalem…). Il est lauréat du prix Leica en 2017, de la Fondation des Treilles en 2019 et du CNAP en 2023.
Yannick Jaffré est anthropologue, directeur de recherche émérite au CNRS et responsable du programme santé du Groupe interacadémique pour le développement à l’Institut de France (GID). Il a enseigné l’anthropologie de la santé au Centre Norbert Elias (EHESS) ainsi que dans plusieurs facultés africaines. Ses travaux portent principalement sur l’approche qualitative de divers problèmes de santé, dont la santé maternelle, la place des enfants dans les services de pédiatrie, l’analyse des interactions entre soignants et soignés dans les structures de santé ainsi que la question transfusionnelle en France et en Afrique. Ses travaux visent à construire une anthropologie fondamentale, impliquée dans l’amélioration de la qualité des soins et attentive aux liens entre les situations sociales et les conduites ayant un impact sur la santé et l’accès aux soins. Il a publié de nombreux ouvrages scientifiques, une centaine d’articles dans des revues à comité de lecture, des films pédagogiques ainsi que présenté ses travaux dans une cinquantaine de conférences scientifiques.
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Le livre
Caractéristiques techniques
20 x 27 cm
128 pages
environ 50 photographies en couleurs
impression sur papier non couché 150g
couverture cartonnée
ISBN 978-2-36744-191-7
Parution du livre en octobre 2024
Pré-achat
30€
Frais de livraison de 4€ pour la France métropolitaine*
*L’expédition en dehors de France métropolitaine est au tarif de 12 € pour l’UE
et de 24 € pour le reste du monde.
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La maison d’édition
Créée en 1999, Le Bec en l’air est devenu un acteur de référence de l’édition photographique. Au fil des ans, le catalogue, riche de plus de 280 titres, s’enrichit d’écritures photographiques variées qui trouvent une cohérence éditoriale : la photographie comme outil de questionnement du monde contemporain, qu’il s’agisse de préoccupations documentaires, esthétiques ou intimistes. Photographes reconnus ou émergents s’y croisent, sans exclusion de style ou de sensibilité artistique. Le Bec en l’air travaille en coédition avec des festivals de photographie, des musées, des galeries, des agences, des institutions culturelles et des éditeurs internationaux.
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Financement du livre
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