Le Livre
Dès le milieu des années 1990, David Sauveur, « photojournaliste habitué aux chaos de l’histoire », est reconnu auprès de la presse nationale et internationale pour la justesse et l’empathie de ses reportages en zones de conflits (Afghanistan, Palestine, Liban, Sierra Leone, Kosovo…).
Lorsqu’il se rend à Jérusalem en 1999 pour la première fois, ce sont d’autres raisons qui l’animent. Il ne s’agit plus de dénoncer la violence des hommes mais de sentir vibrer leur besoin de beauté. Pendant cinq années, par une immersion méditative dans l’épaisseur de la cité historique, il y recueille au Polaroid la matière de To the Last Path (« Vers le dernier chemin ») dans une écriture fragile et rayonnante. Les hasards des affaires humaines lui font pourtant y vivre les premiers jets de pierre de la seconde Intifada, qu’il documente encore. De ces années de travail naît une série de photographies subtiles, tendue avec acuité entre les contradictions de cette ville : permanence d’une beauté « suspendue entre la fin et le début du monde » (pour reprendre ses mots) et prégnance des tensions contemporaines.
En août 2011, David Sauveur est victime d’une violente agression dans les rues de Collioure (Pyrénées-Orientales) alors qu’il s’apprête à aller au festival Visa pour l’image de Perpignan. Ces coups l’ont laissé lourdement infirme, interrompant sa carrière de photographe. Mutique, handicapé à vie, il est pourtant resté ce qu’il a toujours été : un être lumineux, débordant de curiosité.
Ce livre, et ces photographies tout en délicatesse et en générosité, portées par une rare intelligence de la pluralité des mondes qui font Jérusalem, en est un précieux témoignage. Il s’accompagne d’un texte de Vincent Lemire, historien, maître de conférences en histoire contemporaine et directeur du Centre de recherche français à Jérusalem.
Le titre du livre, To the Last Path, fait référence au chemin qu’aurait emprunté Jésus lors de sa crucifixion (« Chemin de croix »), indiqué partout dans la vieille ville de Jérusalem.
At the end of the 1990s, David Sauveur, a photojournalist accustomed to the chaos of history, immerses himself in the many layers of Jerusalem. Using the Polaroid, he goes on to create a series of subtle photographs, slow and delicate, driven by a rare understanding of the plurality and contradictions of the city of three religions. This book, accompanied by a text by historian Vincent Lemire, presents for the first time the work of David Sauveur, whose career was cut short in August 2011 by a violent attack.