Description
Jane Evelyn Atwood a commencé à photographier les femmes incarcérées en 1989. En près de dix ans, elle est parvenue à obtenir l’accès à quarante prisons situées dans neuf pays d’Europe et aux Etats-Unis, où le nombre de femmes incarcérées a décuplé depuis les années 1980.
« On me demande souvent comment j’ai pu passer autant de temps sur un sujet aussi triste. Au départ, la curiosité était mon principal motif. La surprise, le choc et la stupeur ont pris le relais. Puis la rage m’a portée jusqu’au bout.
Dès le début, j’ai été frappée par l’immense manque affectif des prisonnières. Elles étaient handicapées, et de plusieurs façons. Elles avaient été écrasées non seulement par l’ignorance, la pauvreté et une vie de famille éclatée, qui sont le lot commun de presque tous les détenus, mais aussi par des années – quand ce n’est pas une vie entière – d’abus physiques et sexuels exercés sur elles par les hommes. Aujourd’hui, la politique mise en œuvre dans les prisons de femmes consiste à humilier plutôt qu’à réhabiliter. Dans certaines sociétés, un homme qui a fait de la taule est considéré comme un héros. Pour une femme, c’est toujours une déchéance.
89 % des femmes incarcérées le sont pour des délits non violents. Est-ce vraiment nécessaire de les mettre en prison ? Regardez bien ces femmes. Elles ont eu le courage d’assumer leur culpabilité, de vouloir changer, de nous parler, avec leurs mots et leurs images. Ce sont les femmes à qui nous avons tourné le dos. » Jane Evelyn Atwood
Initialement paru en 2000 aux éditions Albin Michel, livre majeur d’une des plus grandes photographes de notre époque, Trop de peines est rapidement devenu un classique de la photographie documentaire. L’ouvrage était épuisé de longue date. Sa réédition, augmentée de photographies inédites et de nombreux documents et lettres de détenues permettra au public amateur de photographie de redécouvrir un travail d’une grande rigueur et d’une profonde humanité. Mais alors que partout dans le monde sont menacés les acquis des luttes menées par les femmes pour disposer librement de leur corps, cette nouvelle parution nous rappelle aussi que le sujet des femmes en prison reste d’une puissante acuité politique.